Le garde-manger, fruit de ce parcours, réunit des matériaux et des techniques vernaculaires pour créer un espace de conservation alimentaire n’utilisant pas d’énergie. Inspiré par les pratiques passées et les savoir-faire cévenols, cet objet se positionne en manifeste : il incarne à la fois la transmission, l’ancrage sur le territoire et un nouveau regard sur nos modes de vie.
Cet écosystème de collaboration entre un menuisier, une vannière, un céramiste et un designer a permis d’hybrider des techniques locales pour concevoir un objet à la fois durable et évocateur. Cette structure modulaire, pensée pour l’usage domestique, possède une forte matérialité, tout en suggérant une esthétique intemporelle et accessible.
Ce projet se veut ainsi un pont entre tradition et technologie, entre gestes ancestraux et besoins d’aujourd’hui. Dans un monde de consommation rapide, le projet Bertoul nous invite à ralentir, à cultiver la patience et le respect des saisons. C’est cette réflexion que je souhaite partager, une démarche pour inviter à réexplorer notre quotidien et à imaginer de nouvelles façons de vivre, de produire et de consommer, au plus proche de notre territoire.
Ma cliente m’a confiée le dessin, la fabrication ainsi que le bois qui provenait de la châtaigneraie familiale. Ces planches d’essence locale avaient été stockées pendant plus de 40 ans dans les plafonds de la maison de vacances, au beau milieu de la forêt. Sa teinte, son veinage et ses proportions étaient exceptionnels. Il m’a été demandé de préserver cette histoire marquée dans la matière et donc de laisser apparaître par endroit nœuds, fentes et écorce. J’ai longuement étudié la diversité de livres qui seront entreposés, afin de maximiser le stockage tout en harmonisant l’esthétique finale. La première bibliothèque est en angle pour s’adapter à son espace en offrant une large panoplie de rangements. J’ai décidé de casser l’angle pour créer une nouvelle face de support, comme un espace de présentation. Pour compléter la rigidité des lignes droites, les prolongements en porte-à-faux sont de longueur variée. La seconde, plus simple dans sa forme, s’appuie contre un mur. Son étalage irrégulier ainsi que sa colonne biseautée lui permettent de s’adapter à la pièce.
Le dessin de ce concept s’est vite orienté pour répondre en priorité aux exigences de confort et d’autonomie. J’ai opté pour un intérieur en bois, pour reproduire l’environnement chaleureux de la maison, tout en conservant de grandes ouvertures qui permettent de profiter pleinement de la lumière naturelle. Le stock d’énergie et d’eau permet plusieurs jours de trajet sans recharge. L’espace intérieur est modulable, un simple mouvement permet de changer d’usage, comme entrer dans une nouvelle pièce de la maison. L’esthétique se veut épurée, soignée, mais sans oublier les dernières technologies pour s’échapper sans se déconnecter.